Il y a quelques jours, je suis tombée par hasard sur une émission dans une grande radio française où il était question des fessées données aux enfants.
Des parents témoignaient en expliquant qu’ils l’utilisaient pour mettre des limites : limite a un danger par exemple, limite à une réaction émotionnelle de l’enfant (refus, colère…). Ils disaient qu’eux même avaient reçu des fessées dans leur enfance et donc trouvaient normal de faire pareil.
- C’est quoi, la violence ?
Ce que j’entendais me laissait perplexe tout en reconnaissant que le sujet est délicat.
Je vais parler, dans cet article, des fessés ou des tapes données avec une énergie de colère, d’exaspération, d’humiliation et qui font mal physiquement ou psychiquement à l’enfant. Il faut aussi être conscient que suivant la personnalité de l’enfant, le ressenti de chacun sera différent en fonction du degré de violence.
Dans tous les cas, il me semble fondamental de réaliser qu’un enfant, c’est un tout petit bout d’homme. Il est faible par nature, il n’a aucune défense. C’est du beurre !! Un enfant n’a pas de force physique. Il est forcément dominé par la force de l’adulte, sa taille, sa rapidité… sa voix qui lui fait peur. Parfois, l’adulte utilise aussi des mots menaçants, culpabilisants, pour faire céder l’enfant à son bon vouloir.
- L’enfant se résigne ou devient agressif
L’enfant ne peut que crier de peur, de douleur ou de colère. Puis au fil du temps, il finira par s’adapter suivant son caractère : soit, il se résignera à cette violence, il sera toujours triste, se comportant comme une victime, s’échappant dans son monde, ayant peur de tout. Soit, il sera toujours en lutte contre les autres, toujours agressif, sur la défensive et peu respectueux des autres.
Mais il ne pourra réellement exprimer les choses que bien plus tard, si il y arrive un jour !
- Avertir et Protéger le danger
Si l’enfant risque un danger, c’est à l’adulte de le protéger du danger. Par exemple, si l’enfant touche les prises électriques, c’est à l’adulte de protéger les prises. Si un enfant s’approche trop d’une fenêtre, l’adulte doit penser à la maintenir fermée. On pourrait comparer cela avec les dangers sur une piste de ski alpin par exemple ; quand il y a un précipice proche, un danger éventuel, les guides-responsables mettent un panneau pour avertir du danger ou une barrière pour défendre le passage. Sur la plage, quand il y a une attaque de requins, les sauveteurs mettent des panneaux « baignade interdite » et parcourent la plage pour interdire l’entrée dans l’eau.
Pourquoi disputer l’enfant et parfois le taper s’il tente de jouer avec ce qu’il ne comprend pas ?
Le rôle de l’adulte est de mettre les « barrières » et d’expliquer le danger.
- les raisons de la colère
Si l’enfant est énervé et « fait une crise », l’adulte peut commencer par chercher l’origine de cette colère : L’enfant est un être hyper-réceptif qui va réagir à l’énergie dans laquelle il baigne et donc il va réagir à la pression de sa famille, de l’école, de ses professeurs…
L’adulte doit toujours se demander s’il n’est pas lui même dans une colère non avouée que l’enfant ressent et va exprimer à sa place. N’est -ce pas l’adulte qui vit sous pression et qui rentre à la maison le soir, fatigué, énervé, frustré ? N’est-ce pas le professeur qui exige des résultats, soumet aux examens, tout en étant fatigué par le nombre d’élève à gérer ?
Il ne faut jamais oublier le rôle de l’énergie de l’adulte encadrant dans ces cas là. La responsabilité « des crises » n’est pas toujours du seul fait de l’enfant comme on le décrétait systématiquement dans l’éducation « à l’ancienne ».
- Soumission à l’autorité
De mon point de vue, l’enfant nait toujours bon, loyal, honnête, aimant. Ce sont les évènements traumatisants de sa gestation puis de sa vie et les personnes qui s’occupent de lui qui vont influencer son caractère.
Nous sommes dans une société qui n’a plus conscience de sa violence. Les médias, les films, les informations, les jeux, la justifient quotidiennement à leur façon. Ils l’a rendent juste, légitime, normale.
Comment pouvons nous faire évoluer notre société si nous utilisons toujours la maltraitance pour rendre docile les enfants, toujours ces même schémas archaïques ? Leur corps va mémoriser cette réponse violente comme « normale » et elle se réactivera à la première occasion. La solution aux conflits sera encore et toujours la violence.
Comment ces enfants maltraités, soumis au pouvoir et aux pulsions répétés de l’adulte pourront devenir des adultes indépendants, confiants dans la vie, dans les autres ? Comment pourront-ils exprimer leur personnalité si elle a été soumise dés l’enfance ?… Ils ne le pourront pas ! … Ils auront peur de toute autorité, tout le temps. Peur de leurs parents, de leur patron, de leur mari, de leur femme…
Ou alors, ils seront constamment en guerre, en lutte contre tout et toujours sous pression. Leurs cellules auront assimilé cela comme un programme dans un ordinateur, un fonctionnement automatique.
- La Bienveillance est nécessaire avec les enfants
On pourrait voir ici, la différence entre éduquer un enfant et élever un enfant : l’éduquer, c’est le soumettre, le formater à un pouvoir, des conventions, lui interdire l’expérimentation, voire, le culpabiliser d’avoir expérimenter quelque chose !
Alors qu’élever un enfant, c’est respecter sa personnalité, lui laisser exprimer ses émotions, son identité, le protéger tout en le laissant expérimenter la vie. Et il est important de le laisser parfois se tromper, sans le surprotéger par peur. L’expérimentation est une des meilleures écoles de la vie.
Finalement, c’est quand le parent a peur qu’il devient autoritaire, rigide et violent.
L’idéal serait que les adultes prennent conscience de leurs peurs, de leur violence et les reconnaissent pour les défaire. Leur regard sur la vie changerait car il ne serait plus focalisé sur la peur du danger, mais sur la joie d’expérimenter la vie. Car l’enfant, lui , s’harmonise avec le regard de ses parents. Il se conforme au regard que ses parents portent sur la vie et donc sur lui.
Un parent confiant dans la Vie transmettra cette confiance à son enfant.
- Petits conseils en cas de colère
Avant de conclure cet article, je voudrais donner quelques petits conseils qui pourraient servir en cas de grande colère d’un adulte devant un enfant : La première chose que l’adulte doit faire quand il sent monter sa violence est de s’isoler.
Soit, il passe le relais à une autre personne et s’éloigne de l’enfant en allant dans une autre pièce ou il sort dehors. Soit, l’adulte en colère est seul avec l’enfant et pour éviter de lui faire du mal, il peut le mettre dans sa chambre, et si c’est un bébé, il le pose dans son lit. Ainsi l’adulte peut s’éloigner sans risque pour l’enfant. La colère peut se libérer en tapant sur des coussins par exemple ou en allant prendre une douche chaude, en ayant à l’esprit que l’eau va nettoyer cette émotion violente.
Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile d’être juste et serein avec nos enfants avec les vies hyperactives et sous pression que nous avons aujourd’hui. Mais pourtant … cette bienveillance avec les enfants est fondamentale pour faire évoluer notre civilisation vers plus de paix et de respect.
Pour aller plus loin sur le sujet, une émission radio très intéressante et juste :
Olivier MAUREL « la violence éducative et parentale »
http://www.bob-toutelaverite.fr/Olivier-Maurel-La-Violence-Educative-et-Parentale_a1085.html