Le concept du continuum, A la recherche du bonheur perdu

Therapie-psycho-corporelle_bandeau4« Le concept du continuum, A la recherche du bonheur perdu »

de Jean Liedloff     –     Edition Ambre – 1er édition 1975 et révisée en 1985

Voici un livre très intéressant que je viens de lire et que je souhaite partager avec vous.

L’auteur  décrit les relations des indiens Yekwanas avec leurs enfants. Ces indiens portent constamment leurs enfants dans leurs bras jusqu’à ce qu’ils aient 8 mois,  leur assurant confiance et autonomie dans leur avenir. Ce livre fait le parallèle avec nos habitudes occidentales qui ont oublié beaucoup de leurs principes sages et naturels.

J’en ai rédigé un résumé afin de mieux appréhender son argumentation et les bienfaits dont nos bébés et futurs adultes pourraient bénéficier.

  • Au commencement

Alors qu’elle découvre l’Europe et l’Italie,  Jean Liedloff est invitée par hasard par deux italiens à se joindre à eux dans une expédition au Venezuela, une région traversée par la rivière Caroni. Elle saute dans l’avion qui va l’emmener a destination de la jungle, … l’harmonie à grande échelle.

Après huit mois de vie dans la jungle, elle se sent à l’aise avec les indiens Tauripans et la vie dans la nature.Ce peuple était heureux. Les enfants ne se battaient jamais, n’étaient jamais punis, obéissaient de bon cœur.

Lors de sa 2e expédition, elle rencontre les tribus Yékwanas et Sanemas dans le haut du bassin du Caura près de la frontière brésilienne, isolées du monde par la forêt tropicale. Ces indiens ne connaissent pas la tristesse et le mot « travail » n’existe pas. Aucune pression, aucune compétition dans leur fonctionnement ; juste le sentiment de répartir les tâches et d’allier les forces des uns et des autres. Ils économisent leur force en se concentrant sur leur tâche sans jamais fabriquer de pensées négatives.

Jean commencent alors à remettre en question certaines de nos croyances occidentales : le progrès est bon,  les loisirs sont plus agréables que le travail,   les enfants appartiennent à leurs parents,  la vie doit être régie par des lois… et met à jour le concept du continuum.

  •  Le concept du continuum

Au fil du temps, l’évolution des hommes s’est éloignée du cadre naturel qui l’avait si parfaitement adapté à la vie. Plus rapidement encore, au cours des dernières générations, les connaissances instinctives ont été remplacées par des doutes générés par la science et  l’intellect.

Cela s’applique aussi à nos comportements avec les  bébés. Dominés par notre intellect, nous ne savons plus ce qui est bénéfique et naturel.

Comment le corps d’un humain et son psychisme savent- ils répondre a l’avance à ses besoins ?

Le secret, c’est l’expérience. Ces expériences (qui  commencent dés la fécondation, dans la première cellule) ont permis l’adaptation à la température, à la nourriture, aux besoins nécessaires à la vie.  Et donc chaque nouvel individu qui nait dans un certain endroit de la Terre  reflète l’expérience qu’il s’attend à rencontrer.

Mais quand l’intellect prend le dessus et dicte ce qui est bénéfique, c’est la frustration et le manque qui émerge.

  •  La naissance

Dés sa naissance, le bébé n’est que sensations. Tous ses sens sont ouverts. Il vient de passer de l’eau à l’air, de l’utérus au berceau.  C’est un énorme changement.

Un nouveau né dans les bras de sa mère retrouve le contact in utéro, le mouvement de vie de la mère, la sécurité et ainsi,  le temps n’existe pas.  Mais dans un berceau, le bébé seul ne ressent plus aucun contact,  alors le temps dure  beaucoup plus longtemps et le désespoir puis la résignation s’installent.

A l’inverse, quand l’enfant est porté, il ressent un sentiment de plénitude. Pour la peau du bébé exposée pour la première fois à l’air, toutes les cellules nerveuses ont un besoin extrême de caresses, de douceur, d’amour.

Aujourd’hui, les jeunes mères lisent des livres  de méthode pour élever leur enfant. Elles ne font plus confiance ni à leurs compétences innées, ni aux signaux émis pourtant clairement par le bébé.

Et pourtant, s’il pleure, c’est qu’il est malheureux ! Et si la maman ne répond pas aux demandes d’amour et de contact du bébé, c’est le vide et le désespoir qui prennent la place.

Tous les sens du bébé vont s’adapter aux besoins et le système nerveux joue le rôle du programmateur. Et ce que ressent le bébé avant même de pouvoir penser détermine en grande partie sa vision future des choses.

  •  Le continuum des enfants Yekwanas

Dés sa naissance, le bébé indien est porté et emmené partout. Tout en dormant, il est dans l’action, parmi les voix des siens et dans le mouvement  du rythme journalier de celle ou de celui qui le porte. La phase des bras dure de la naissance à la marche à quatre pattes (8e mois). Durant cette période, il emmagasine de l’expérience. Il observe, il dort, il mange, il gazouille, détendu et passif. Sa vie pleine d’action est en accord avec la façon de vivre de ses ancêtres et répond aux attentes de sa nature. Cela permet à ces enfants d’être capables de  s’adapter et d’être à l’aise dans de très nombreuses circonstances.

Les naissances des bébés Yekwanas se passent sans traumatismes. Le bébé reste en contact étroit avec la mère , il est calmé par ses caresses, le cordon ombilical est coupé quand il a cessé de battre , la mère donne le sein a son petit sans attendre. C’est un moment très important  où se passent la rencontre et  l’attachement entre la mère et l’enfant.

  • Que se passe-t-il dans nos maternités occidentales ?

Naissance programmée par la chimie, utilisation d’instrument en acier, des spots lumineux éblouissants, des gants en plastique, du désinfectant très odorant, du bruit, de l’agitation… Puis l’enfant est séparé rapidement de la mère pour être pesé, lavé, examiné, testé… et enfin mis tout seul, dans un berceau, enveloppé par un vêtement sec (quand ce n’est pas dans une couveuse !).

L’enfant se réveille dans un lieu vide, il pleure, il appelle le contact, il hurle, puis épuisé d’appeler, il se rendort.

D’après diverses recherches, lorsque tout ce stimulus d’attachement à la naissance n’est pas permis, c’est une réaction de deuil qui s’installe. Dans l’histoire des naissances humaines, cela fait référence aux bébés morts-nés et la réaction psychobiologique est une réaction de deuil.

Après la naissance, c’est ensuite la peluche inerte, la tétine en caoutchouc ou le pouce qui devront compenser le vide  et la solitude causés par  le manque de contact et de tendresse de la mère.

Les mères demandent conseils à leur mère, « qui ont toujours fait comme cela » ou a « des hommes médecins », qui ont pris la place des sage- femmes au cours du 20e siècle,  qui n’auront jamais expérimenté l’accouchement de leur vie d’homme !

  •  Les conséquences de ces  violences à la naissance sont graves.

« L’indépendance et la maturation émotionnelle trouvent essentiellement leur origine dans la relation dans les bras. »

Quand le continuum n’a pas eu lieu, quand le bébé n’a pas été dans un contact tendre avec la mère dès la naissance, il est très difficile de se libérer de ce manque de la mère. C’est seulement par un travail assidu  et thérapeutique  que l’on peut essayer d’améliorer les choses.

Mais le contact corporel délicat et tendre est fortement handicapé.

Et ces besoins non satisfaits vont souvent entrainer d’importantes confusions entre sensualité et sexualité. La sexualité devenant la seule forme de contact et d’affection.

  • Grandir

L’enfant va toujours  agir en fonction de ce qu’on attend de lui.

Chez les Yekwanas,  la mère qui s’occupe de son petit est parfaitement détendue. Elle est réceptive et disponible à chaque moment ou son bébé vient vers elle sans pour autant interrompre ses tâches. Elle ne prends pas l’initiative des contacts et n’y contribue que passivement. C’est le bébé qui demande et qui reçoit toujours. Il est actif, elle est passive.

Les mères s’attendent à ce que le bébé soient de partout en sécurité. Les bébés n’ont pas de tendance suicidaire et possèdent toute une série de mécanisme de survie allant de leur sens à une forme de télépathie. L’ultime objectif des activités de l’enfant est de développer sa confiance en lui. Lui donner trop ou trop peu va à l’ encontre de cet objectif. Et il y a absence de toute forme de pressions sur les enfants. Jamais, les adultes n’essaient d’imposer leur volonté.

L’enfant est sociable de nature. Cette sociabilité innée est aux antipodes de nos croyances civilisées  selon lesquelles un enfant doit être modelé pour le sociabiliser. En occident, si la mère s’attend à ce que son bébé tombe, et comme le bébé  fait ce qu’on attend  de lui, il risque de se conformer aux peurs et appréhension des parents …(-ne laisse pas tomber l’assiette ! , Attention ! tu vas tomber ! -).

L’intellect propre à l’humain est capable de contredire sa nature évoluée et des aberrations apparaissent. En occident, c’est l’intellect, le mental  qui mettent la confusion.

En réalité, chez les Yekwanas, très peu d’accidents ont lieu dus aux dangers. Cela réside dans la prise de responsabilités de chacun. En occident, ce sont les adultes qui ont la charge de  veiller sur les enfants. Or, personne d’autre ne peut être plus constant et alerte que soit même. C’est ainsi que se forge la confiance en soi.

  •  La société

Pendant des millions d’années, avant que l’intellect de nos ancêtres ne réfléchissent à la mort, nous vivions dans le présent, comme les animaux, incapables de nous créer des soucis. C’est quand le choix devient possible qu’ apparait alors l’incapacité de bien choisir. Dès lors, le bonheur cesse d’être la condition normale de la vie et devient un but en soi.

L’homme peut survivre dans des conditions contraires au continuum mais au péril de son bien être sa joie son épanouissement. Il se crée des fossés entre les générations et il n’y a plus de fierté ni de volonté  à devenir vieux. Or pour que les générations s’enrichissent, il faut que les acteurs aient une personnalité  comblée.

  •  Conclusion 

L’enfant surprotégé et faible est un enfant  dont la prise d’initiative a été constamment usurpée par une mère bien trop attentionnée. Porter le bébé pendant  6 à 8 mois crée de la confiance en lui  et jette des  bases sécurisées de son intégration dans la société.

Souvent, la plupart des parents ignore ce qui fait le plus souffrir leur enfant,  ils ne comprennent pas l’agonie du bébé  laissé en pleurs, son terrible désir et les conséquences de cette souffrance à se bâtir une vie heureuse.

Alors, sans attendre de changer la société, nous pouvons déjà commencer à nous comporter différemment  et délicatement avec nos nouveaux nés.